Il est écrit en la loi de Moise, que Moise gardant les troupeaux au désert,
voyant le buisson enflammé et qui ne brûlait point, frémit de peur et voila.
son. visage. ‘La voix sortant du buisson lui dit L’affliction de mon peuple est
venue jusques à mes oreilles; j’ai compassion d’eux, d’autant qu’ils sont
aggravantes, voire opprimés sous un joug dur et pesant. Je suis cette voix qui
crie du buisson et qui parle avec vous. La misère de mon peuple est venue
jusques à mes oreilles.
Quel était-il, mon peuple, sinon Israël? Par mon peuple , j‘entends les
chevaliers qui dans le monde ont fait profession de ma milice, qui devraient
être à moi, mais ils sont trop affligés par le monde. Qu’est-ce que Pharaon a
fait à mon peuple Israël en Egypte ? Certainement trois maux le premier, qu’il
ne faisait point donner de la paille à ceux qui bâtissaient les maisons pour
faire cuire la brique , mais il fallait qu’eux-mêmes, contre toute sorte de
droit, en amassant là ou ils pouvaient. Le deuxième, qu’on ne remerciait point
de leur labeur les architectes, bien qu’ils eussent fait tout ce qu’on leur
avait commandé. Le troisième , ils étaient grandement affligés par les
commissaires , s’ils manquaient d’accomplir et parfaire le nombre et la quantité
qu’on leur avait commandés. Le peuple a édifié à Pharaon deux villes avec grand
travail et peine.
Qui est ce Pharaon, si ce n’est le diable, qui afflige mon peuple, c’est-à-dire,
les chevaliers qui sont obligés d’être mon peuple? Je vous dis en vérité que si
mes chevaliers eussent persisté et persévéré en la constitution et disposition
que mon cher ami leur avait commandées, ils seraient maintenant entre mes chers
amis, car comme Abraham, ayant reçu le premier le commandement de la
circoncision et m’obéissant , a été mon très cher ami, et tous ceux qui ont
suivi sa foi et ses oeuvres, ont été participants de sa dilection et de sa
gloire, de même les chevaliers , entre les autres ordres, m’ont principalement
plu , d’autant qu’ils m’ont voué ce qu’ils avaient de plus cher, savoir, de
répandre leur sang pour l’amour de moi. Par ce voeu , ils m’avaient grandement
plu , comme Abraham par sa circoncision et se purifiaient tous les jours en
l'observance de leur profession et réception de la sainte charité. Or,
maintenant , les chevaliers sont approuvés par la misérable servitude de Satan
de sorte que le diable, les frappant d’une plaie mortelle les abîme encore
dans les supplice et les douleurs.
Les évêques aussi; comme les enfants d'Israël , édifient deux villes au diable:
la première est le labeur du corps, une sollicitude superflue, la deuxième est
une inquiétude, une perturbation d’esprit des appétit du monde, qui ne leur
donne point de repos, le labeur est en l’extérieur , et l’inquiétude et
l’anxiété sont en l’intérieur, rendant les choses spirituelles onéreuses. Mais
comme Pharaon ne donnait point à mon peuple ce qui était pour faire les briques;
comme les greniers n’étaient pleins de froment, ni les caves de vin; comme tout
le reste de ce qui était utile leur manquait; comme avec labeur et peine
d’esprit, il s’acquérait lui-meme leur vie : de même maintenant le diable fait
de ceux-ci: bien qu’ils travaillent de toutes leurs forces, et que de toute leur
industrie ils s’adonnent au monde, néanmoins, ils ne peuvent avancer ni
profiter en ce qu’ils désirent, ni étancher la soif de leur ardente cupidité.
Partant, ils brûlent intérieurement par un feu de douleur, et extérieurement par
le labeur , à raison de quoi j’ai grande compassion de leur affliction et de ce
que mes chevaliers et môn peuple bâtissent des demeures au diable , et
travaillent incessamment pour cela; qu’ils ne puisse accomplir leurs désirs, et
qu’ils se peinent et s’affligent pour des choses vaines, et qu’ils ne cueillent
aucun fruit de bénédiction de leur peine, mais une récompense de confusion
éternelle.
Partant , quand Moïse fut envoyé au peuple, Notre-Seigneur lui donna un signe
pour une triple raison, d’autant que , premièrement en Egypte, chacun adorait
particulièrement son Dieu , et il y avait des dieux innombrables il était donc
nécessaire qu’il y eût un signe , afin qu’ayant manifesté ce signe admirable et
la puissance divine, ils adorassent un seul Dieu, et crussent par le signe qu’il
était créateur de toutes choses, et qu’on éprouvât que les idoles étaient toutes
vaines.
Il était, en deuxième lieu, donné ce signe à Moïse en figure et représentation
de mon corps futur. Que signifiait en effet le buisson ardent sans être brûlé ,
sinon une Vierge faite féconde par l’opération du Saint-Esprit, et qui enfante
sans douleur? Certainement, j’ai pris chair humaine de ce buisson et pris mon
humanité de la chair virginale. Semblablement aussi , le serpent de Moïse donné
en signe, signifiait mon coeur.
En troisième lieu, il fut donné ce signe à Moïse pour affermir la vérité de ce
qui se devait faire et s’accomplir par la figure des signes, afin que la vérité
de Dieu fût connue être autant certaine et infaillible qu’on verrait être en
leur temps évidemment accomplies , les choses que les signes nous présageaient.
Or, maintenant , j’envoie mes paroles aux enfants d’Israël et aux chevaliers ,
auxquels il n’est pas besoin de faire des signes, pour trois raisons : la
première , d’autant que maintenant on croit et on adore un seul Dieu, auteur et
créateur de toutes choses, connu par les saintes Ecritures et par plusieurs
signes passés. La deuxième, parce qu’ils n’attendent plus ma naissance, car ils
savent que vraiment je suis ne et incarné sans corruption, car toute l’Ecriture
est accomplie.
Certes ,on ne doit pas croire une foi meilleure et plus certaine que celle qui a
été publiée et prêchée par moi et par mes prédicateurs Néanmoins j‘ai fait
trois choses avec vous, par lesquelles on peut croire: la première , que mes
paroles sont:vraies et ne sont point contraires à la foi vrai ; la deuxième,
d’autant qu'à ma parole, le diable s’est retire d’un homme obsédé, la troisième,
parce que j'ai donné à un même homme des volontés contraire pour reformer la
charité mutuelle. Partant, ne doutez pas de ceux qui. croiront en moi, car
ceux qui croient en moi croient à mes paroles. A ceux auxquels je délecte , mes
paroles délectent, c’est pourquoi il est écrit que Moise, ayant parlé a Dieu,
voilait sa face; mais vous ne devez point voiler votre face, car de fait., je
vous ai ouvert les yeux spirituels, afin que vous voyiez les choses
spirituelles; je vous ai ouvert les oreilles, afin que:vous entendiez les
choses spirituelles, enfin, je vous montrerai l'édifice de mon corps tel qu'il a
été en ma passion, après ma passion, et. quel après ma résurrection tel que
Magdalène, Pierre et les autres l’ont vu.
Vous :entendrez aussi ma voix, qui a parlé à Moïse dans le .buisson ardent. La
même voix vous parle maintenant au fond de votre âme.
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