La Sainte Vierge Marie parlait par un exemple très clair : Quiconque,
disait-elle, aurait le dos chargé d’un faix lourd et pesant, les bras affaissés,
les yeux pleins de larmes , et passerait par une grande troupe, regarderait sans
doute si quelqu’un d’eux compatirait avec lui, et le soulagerait du poids qui
l’écrase. de même faisais-je, étant accablée d’afflictions dès le même jour de
la naissance de mon Fils, jusques au jour de sa mort douloureuse. J'ai porté un
grand faix sur mon dos, et demeurait instamment assidue aux peines de mon Fils
et souffrais patiemment tous les mépris et adversités.
J’apportais entre mes bras un faix lourd, et supportais des douleurs et des
tribulations si cuisantes, que jamais créature ait supportées. J ‘avais mes yeux
pleins de larmes, lorsque je considérais sur les mains et sur les pieds de mon
Fils les trous des clous, et lorsque je voyais que la passion douloureuse, qui
avait été prédite par les prophètes, allait s’accomplissant en lui. Mais
maintenant je regarde tous ceux qui sont dans le monde, pour voir s’il n’y en a
pas un qui en ait compassion et qui considère mes douleurs, et j’en trouve bien
peu qui pensent à mes tribulations et douleurs si amères qu’elles n’ont point
d’égales.
Partant , ma fille, bien que je sois en oubli, voire méprisé de plusieurs, ne
m’oubliez pas; considérez mes douleurs, et imitez-les aussi fidèlement que vous
pourrez. Voyez mes peines et mes larmes ; ayez-en douleur, car j’ai peu d’amis.
Soyez constante. Voici que mon Fils vient , qui, dès qu’il sera venu, dira: Je
suis votre Dieu et votre Seigneur qui parle à vous.. Mes paroles sont comme les
fleurs d’un bon arbre ; et bien que toutes les fleurs sortent d’une même racine
, néanmoins , toutes les fleurs ne portent pas leur fruit.
De même, bien que mes paroles soient comme quelques fleurs qui prennent source
de la racine de l’amour divin, que plusieurs écoutent et reçoivent, néanmoins,
elles n’apportent pas en tous les fruits, ou si elles les portent , ils ne
viennent point à leur parfaite maturité, d’autant que quelques-uns les reçoivent
et les retiennent pour quelque temps, et puis après les rejettent, d’autant
qu’ils en sont ingrats et méconnaissants ; quelques-uns les reçoivent et les
retiennent, attendu qu’ils sont pleins de charité, et ceux-ci font un grand
fruit de dévotion et de saintes oeuvres.
Donc, vous, ô mon épouse! qui êtes à moi par droit divin, il faut que vous ayez
trois maisons: en la première, vous devez avoir ce qui est nécessaire au corps;
en la deuxième, les vêtements qui couvrent le corps extérieurement; en la
troisième, vous devez avoir les instruments nécessaires et utiles à la maison.
En la première, vous devez avoir pain, boisson et tout ce qui est bon à manger ;
en la deuxième , vêtement de laine, de lin et de soie; en la troisième , des
vases pour tenir les liqueurs, et écuries pour tenir chevaux, ânes, etc. et des
instruments manuels.
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